Marcher en toute sérénité après 60 ans : composer et gérer sa trousse à pharmacie

18 octobre 2025

compostellegradignan.fr

Pourquoi une trousse adaptée prend tout son sens avec l’âge

Il ne s’agit pas de se croire fragile. Mais le corps évolue, il met parfois plus de temps à récupérer, la peau est plus fine, les petits problèmes de circulation s’invitent, ou les douleurs articulaires font partie du quotidien. Selon l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament), les seniors consomment environ 3 à 5 médicaments par jour en moyenne (source : HAS), souvent pour des pathologies chroniques. Or, sur le chemin, l’accès à une pharmacie n’est pas toujours immédiat. Être prévoyant, c’est surtout vouloir profiter pleinement, et éviter qu’un souci mineur ne prenne trop d’ampleur.

  • Moins de tolérance à la douleur ou à la déshydratation : les tissus récupèrent plus lentement, il est donc crucial de soulager immédiatement une ampoule ou un hématome.
  • Médicaments habituels : toute interruption d’un traitement courant peut avoir des conséquences sérieuses, d’où l’importance de l’anticipation.
  • Anticiper des imprévus : petites blessures, entorses, réactions cutanées au soleil ou aux piqûres, elles sont plus fréquentes quand on prend le temps sur le chemin.

Les essentiels à emporter, ni plus ni moins

La tentation de tout emmener existe, surtout si on a déjà traversé quelques ennuis en randonnée. Pourtant, une trousse doit rester légère : pas plus de 250 g à 350 g (hors traitements personnels) pour la majeure partie des marcheurs (SeniorActu - Dr Chenevier).

  • Médicaments personnels : emportez vos ordonnances, dans une pochette plastique étanche. Prévoyez une liste écrite, séparée des boîtes, en cas de perte ou de contrôle. N’oubliez jamais : mieux vaut les garder dans le sac à dos que dans la valise portée en transporteur.
  • Anti-douleurs simples : paracétamol principalement (le plus toléré passé 60 ans, sauf contre-indication), éventuellement ibuprofène si aucune contre-indication digestive ou cardiaque.
  • Pansements anti-ampoules : type hydrocolloïdes (Compeed® ou équivalents). Prévoyez quelques petits pansements supplémentaires pour coupures et écorchures.
  • Désinfectant doux : solution sans alcool à la chlorhexidine, en dosettes unidose (évite poids et risques de fuite).
  • Bande extensible : 3 à 4 mètres suffisent, pour comprimer une cheville, maintenir un pansement ou en cas de foulure.
  • Compresses stériles : pour nettoyer et protéger les plaies.
  • Une pince à écharde, coupe-ongles, mini ciseaux à bouts ronds (en plastique ou inox, acceptés en avion/cabine si en taille mini).
  • Crème solaire indice 50+, taille échantillon ; crème apaisante post-piqûre ou brûlure (Demarom ou aloe vera).
  • Solution réhydratante orale en sachets (en cas de diarrhée, de forte chaleur, ou d’épisode de malaise vagal).
  • Petit brumisateur ou pulvérisateur vide pour nettoyer une plaie avec de l’eau claire.

Ce qui n’a pas d’utilité courante (antibiotique, corticoïde local, antihistaminique oral…) doit être évité en automédication sauf prescription ou cas particulier.

Les traitements quotidiens : mode d’emploi pour ne pas se mélanger les pinceaux

On le sait bien : rien de pire que de se retrouver, un soir d’étape, à fouiller son sac pour retrouver un comprimé égaré, ou à se demander si la boite va suffire jusqu’au retour…

  1. Conditionner les doses détaillées semaine par semaine, dans des piluliers hermétiques ou sachets zip, clairement étiquetés jour par jour.
  2. Copier l’ordonnance (papier et photo sur le téléphone), au cas où l’on devrait faire renouveler sur la route (pharmacies majeures : Aire-sur-l’Adour, Saint-Jean-Pied-de-Port, voire Santiago, etc.).
  3. Prévenir la perte ou la casse : gardez une mini-dotation dans votre poche ou votre banane, surtout pour les indispensables type insuline, anti-hypertenseurs…

Attention, certains traitements sensibles à la température (insuline ou certains collyres) nécessitent des pochettes isothermes : elles se trouvent dans les pharmacies ou sur Internet, légères et rarement au-dessus de 50 grammes.

Les signaux d’alerte à ne jamais négliger après 60 ans

Sur le chemin, personne n’aime alarmer. Mais il y a une différence entre pousser un peu sur sa fatigue et s’entêter malgré des signes plus sérieux. Savez-vous qu’après 65 ans, les risques de complications d’une infection urinaire ou d’une déshydratation doublent lors d’expéditions prolongées ? (source : SciencesDirect, étude CNRS 2021). Comptez aussi qu’à l’effort, la sensation de soif diminue, alors que le besoin augmente.

  • Fatigue anormale, palpitations, syncope : ne jamais banaliser, surtout si on est sous traitement cardiaque.
  • Fièvre supérieure à 38°, douleurs violentes, plaie rouge et gonflée : consulter rapidement (les maisons médicales du chemin ont presque partout des astreintes, la plupart des hébergements sérieux tiennent la liste des médecins de garde).
  • Diarrhée prolongée (plus de 48h), vomissements, confusion : besoin impératif de réhydratation et parfois d’arrêt de la marche.

Prendre le temps de s’écouter, et d’oser demander de l’aide : c’est aussi le sens du cheminement, pas un aveu de faiblesse.

Entretenir le contenu de sa trousse : hygiène, rotation, et vigilance

Une trousse soignée, c’est aussi la promesse de ne pas être pris au dépourvu au mauvais moment.

  • Vérifier les dates de péremption : surtout pour les solutions antiseptiques, les pansements et les crèmes.
  • Laver la trousse avant un nouveau départ. Privilégier les petits modèles plastifiés : un accident de flacon arrive vite.
  • Penser au climat : en été, éviter de laisser la trousse en plein soleil, surtout les molécules sensibles (insuline, crèmes). En hiver, attention au gel (certaines substances deviennent inactives).
  • Recharger à l’étape : les pharmacies du Sud-Ouest sont très habituées aux pèlerins et proposent souvent des formats “chemin” (mini-dosettes, pansements unitaires… plus cher à l’unité mais très commode). Éviter de stocker trop d’avance pour ne pas porter inutilement.

Spécificités du chemin de Compostelle autour de Gradignan et conseils locaux

Le point de départ de Gradignan attire des marcheurs de tous horizons, et à chaque saison, on retrouve quelques particularités :

  • Partir au printemps ou à l’automne : piqûres d’insectes, premières chaleurs, une crème apaisante contre les chenilles processionnaires ou les piqûres de moustiques est conseillée (on en trouve à Gradignan).
  • Allergies saisonnières : le pollen est particulièrement présent dans la vallée de la Garonne d’avril à juin. Si vous avez l’habitude d’un antihistaminique, pensez à l’emporter, sur ordonnance si besoin.
  • Eau du robinet potable : partout dans la région, sauf indication contraire. Prévoyez donc un petit brumisateur vide à remplir chaque matin.
  • Numéro SOS Médecin à noter sur un papier glissé dans la trousse : 3624 (appel national, partout en France), et “112” pour l’Europe.

Éviter les pièges : ce qu’il vaut mieux laisser chez soi

L’expérience montre que plus d’un sur-médicalise sa trousse, surtout la première fois. On voit souvent partir avec :

  • Thermomètre, tensiomètre, glucomètre (si pas diabétique traité par insuline)
  • Sirop pour la toux, antispasmodique, ou antimycotique préventif
  • Pompe à venin, pastilles stérilisantes (sauf parcours très isolé, ce qui n’est pas le cas sur Compostelle)
  • Antibiotiques “au cas où” (nécessite une prescription personnalisée et un vrai diagnostic…)

Ils resteront presque toujours inutilisés, et alourdissent pour rien. En cas de problème rare, on trouve (presque) tout sur le chemin, et l’entraide fonctionne souvent bien entre marcheurs.

L’échange et le partage, premiers soins du chemin

Enfin, la meilleure “pharmacie”, à tout âge, reste souvent la vigilance collective. À Gradignan, on croise des marcheurs qui, après quelques jours, racontent comment un geste, un mot, ou un pansement offert par un compagnon de route a tout changé. Ne pas hésiter à demander conseil aux autres, à signaler un malaise, ou à partager les ressources si besoin.

La trousse évoluera au fil de vos marches : un coup de soleil sur les Landes, un rhume de canard à Aire-sur-l’Adour, une entorse bénigne à Saint-Foy, cela fait partie de l’aventure. L’important est de ne jamais oublier que la lenteur du chemin permet aussi de prévenir bien des soucis – et que la bienveillance, comme un bon bandage, reste le meilleur allié du marcheur.

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