Partir léger, marcher rassuré : le matériel médical adapté aux fragilités de santé

13 juillet 2025

compostellegradignan.fr

Pourquoi un sac médical sur le chemin ?

Près de 20% des pèlerins arrivant à Saint-Jacques-de-Compostelle ont plus de 60 ans (Oficina del Peregrino, 2023). Beaucoup présentent des antécédents médicaux ou vivent avec une affection chronique. Les risques rencontrés sur le chemin ne se limitent pas seulement aux ampoules et aux petites chutes. Chaque marcheur amène avec lui sa propre histoire : diabète, insuffisance cardiaque, problèmes de mobilité, troubles digestifs, hypertension, asthme, allergies... Chacun de ces maux, modestes ou pesants, exige une préparation spécifique, pour ne pas être une entrave à la liberté d’avancer. Être prudent n’est pas céder à la peur, c’est prendre soin du voyage et de ce qu’on en attend. Voyons alors, étape par étape, ce qu’il convient de prévoir.

Les essentiels à ne jamais oublier

La base, commune à toutes les situations, c’est une trousse de secours astucieusement pensée, même si l’on ne souffre que d’une petite fragilité.

  • Carte vitale et documents médicaux : glisser dans une pochette étanche la carte vitale (ou CEAM pour les étrangers), et une ordonnance à jour affichant tous les traitements en cours. Y ajouter une fiche avec ses antécédents notables, groupe sanguin, allergies, et coordonnées de la personne à prévenir.
  • Petite trousse premiers soins :
    • Pansements adhésifs de différentes tailles
    • Bandes élastiques (idéalement une bande cohésive, type "Coheban")
    • Compresses stériles
    • Antiseptique doux (chlorhexidine ou équivalent, en dosette ou en spray)
    • Ciseaux à bouts ronds, pince à écharde
    • Gants à usage unique (deux paires suffisent)
    • Sparadrap hypoallergénique
  • Sérum physiologique en dosettes : pour rincer les yeux, nettoyer une plaie.
  • Médicaments personnels : tous les traitements réguliers, rangés en pilulier ou en sachets quotidiens, étiquetés, pour au moins les jours où l’on prévoit d’être loin d’une pharmacie.

Adapter sa trousse en fonction des fragilités particulières

Pour les maladies chroniques

  • Diabète :
    • Lecteur de glycémie, bandelettes, lancettes
    • Petits encas sucrés (compotes, tubes de miel, pâtes de fruits)
    • Une ordonnance d’insuline ou stylos adaptés dans une pochette isotherme
    • Lettre de son médecin expliquant la maladie (utile pour les secours ou le passage de frontières)
  • Troubles cardiovasculaires :
    • Traitement quotidien en double (un kit sur soi, un kit de secours dans le fond du sac ou confié à un compagnon de route)
    • Tensiomètre compact si surveillances régulières nécessaires (des modèles ultra-légers existent, moins de 150g)
  • Asthme :
    • Inhalateurs (avec une copie de prescription)
    • Chambre d'inhalation (certains modèles de poche sont pliables)
    • K-way pour les passages humides et prévention du froid sur la poitrine
  • Allergies sévères :
    • Stylo d’adrénaline auto-injectable si nécessaire (type Epipen)
    • Antihistaminiques oraux
    • Bracelet ou carte mentionnant l’allergie

Problèmes ostéo-articulaires et mobilité réduite

  • Genouillères ou chevillières : à adapter selon conseil d’un professionnel (kinésithérapeute, médecin), certains modèles légers offrent un maintien discret.
  • Bâtons de marche réglables : ils permettent de soulager jusqu’à 20% du poids sur les articulations, selon une étude publiée dans le Journal of Physical Therapy Science (2021).
  • Poches de glace instantanée : peu encombrantes, elles peuvent apporter un soulagement si une articulation gonfle en cours d’étape.

Troubles digestifs et alimentaires

  • Antidiarrhéiques classiques (loperamide) et solutions de réhydratation orale
  • Crème anti-frottements (type NOK ou vaseline) pour les irritations liées à la marche prolongée
  • Compléments électrolytiques (pastilles à dissoudre) pour éviter la déshydratation en cas de vomissements ou de diarrhées
  • En cas d’intolérances spécifiques : prévoir ses encas ou ingrédients non disponibles localement (gluten, lactose, etc.)

Prévention au quotidien : les petits plus qui changent tout

Parfois, ce sont les oublis minuscules qui pèsent le plus. Voici quelques petits outils ou habitudes de prévention, qui évitent bien des ennuis en chemin, surtout avec l’âge ou un traitement au long cours.

  • Stick solaire indice élevé : la peau vieillit, s’amincit, brûle vite
  • Spray anti-moustique pour se prémunir des piqûres et des infections locales
  • Chapeau couvrant et lunettes solaires (certifiés “UV400” minimum)
  • Bouillotte instantanée (en cas de douleurs musculaires ou règles, très légère, utile pour les haltes du soir)
  • Lampe frontale avec piles de rechange pour repérer un obstacle, surtout si la vue baisse un peu
  • Petit miroir de poche pour surveiller une rougeur, une ampoule, ou aider à appliquer un médicament
  • Écouteurs ou avertisseur sonore pour ceux souffrant de baisse d’audition (certains GPS vocaux existent pour smartphone, dont “Soundscape” de Microsoft, gratuit)

Enfin, n’oubliez pas le carnet médical numérique : il existe des applications (comme “Mon Espace Santé” en France) qui vous permettent d’accéder à vos infos où que vous soyez. Cette solution est particulièrement utile si la mémoire fait parfois défaut ou que la perte d’un papier peut tout compliquer.

Astuces pour alléger le sac sans sacrifier sa sécurité

  • Mutualiser avec un compagnon : Un thermomètre, une pince à épiler, ou des sachets de réhydratation peuvent être portés à tour de rôle, surtout en petit groupe.
  • Petits contenants intelligents : Prendre des dosettes unidose : 6 à 8 pansements, suffisamment de solution désinfectante et de crèmes en échantillons de pharmacie (demandez à votre médecin ou à votre pharmacien).
  • Emballages plats : Prioriser les soins en sachets ou formats souples plutôt qu’en boîte.
  • Pilulier hebdomadaire : Pour les traitements réguliers, les boîtes sont volumineuses. Préparez à l’avance des sachets par jour ou une plaquette découpée et rangée.

Une étude du "British Journal of General Practice" (2014) indique que la majorité des incidents médicaux du randonneur peuvent être anticipés avec moins de 500 g de matériel spécifique. L’essentiel tient donc dans l’allègement, sans oublier l’indispensable.

Où et comment trouver de l’aide en chemin ?

  • Numéros d’urgence : En France, le 112 (Europe), le 15 (SAMU), le 18 (pompiers).
  • Pharmacies et médecins de garde : La plupart des villes ayant une halte compostellane affichent les coordonnées dans les accueils pèlerins (ex : à Gradignan, panneau à l'entrée de la Maison de la Fôret). Les pharmacies affichent aussi les tours de garde sur la vitrine.
  • Santé sur la route : Dans la grande majorité des cas, les hospitaliers (personnes accueillant les marcheurs) ont une liste de professionnels à proximité ainsi que des boîtes de secours prêtes. N’hésitez pas à vous signaler à l’accueil : vous serez toujours mieux accompagné en cas de souci.
  • Assurance voyage et médiation : Si votre état justifie une assistance particulière, certaines cartes bancaires haut de gamme incluent déjà le rapatriement sanitaire, ce qui peut s’avérer rassurant lorsque l’on part loin de ses bases.

Conseils avant le départ : un passage chez le médecin s’impose

Un bilan médical, même rapide, permet d’ajuster ses ordonnances, de vérifier la compatibilité du projet avec l’état du moment, et d’échanger sur les aménagements possibles (doses, adaptation d’un traitement, renouvellement anticipé…). Le médecin pourra aussi rédiger une lettre expliquant vos troubles si besoin, utile face à un professionnel de santé rencontré en route, ou parfois pour expliquer en Espagne la présence de certains dispositifs médicaux (injection, capteur de glycémie...).

  • Anticiper une demande de renouvellement si le voyage dure plusieurs semaines
  • Demander à son pharmacien un double des prescriptions si possible, à glisser ailleurs dans le sac
  • Porter un bracelet ou une carte dit “ICE” (In Case of Emergency)

Quelques mots pour rassurer ceux qui hésitent

Le chemin n’exige pas d’être “en pleine forme”, il demande seulement de l’écoute de soi. Rien n’interdit de prendre soin de soi, d’oser demander, d’adapter l’étape du jour. Sur Compostelle, chaque marcheur, chaque hospitalier croisé connaît la vulnérabilité – la sienne et celle de l’autre.

Si vous craignez de partir seul, il existe des groupes locaux (associations jacquaires, clubs de marche) qui organisent des départs accompagnés, spécialement adaptés aux personnes âgées ou fragiles. L’entraide ne s’arrête pas à la porte du gîte. Votre sécurité, c’est aussi celle du groupe.

On peut partir, même prudent, sans renoncer à la légèreté. Plutôt que de s’imposer une liste à rallonge, posez-vous devant votre sac ; écoutez-vous et souvenez-vous : chaque gramme inutile pèse pour rien, mais chaque objet choisi apaise l’esprit.

Enfin, à Gradignan ou ailleurs, il se trouve toujours une main secourable et une oreille attentive pour vous rappeler : le soin que vous prenez de vous est un passeport bien plus important que n’importe quel gadget.

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