Prendre soin de soi sous le soleil : marcher au bon rythme pour éviter la déshydratation et les coups de chaud en avançant en âge

21 octobre 2025

compostellegradignan.fr

Pourquoi les seniors sont plus exposés aux risques liés à la chaleur ?

Avec l’âge, le corps change. Cette affirmation, aussi simple soit-elle, cache quelques réalités peu connues :

  • Moindre perception de la soif : À partir de 65 ans, le signal de soif s’affaiblit. Beaucoup de seniors oublient ou tardent à boire. (Source : Institut Pasteur Lille).
  • Moins d’eau dans le corps : À 70 ans, l’eau corporelle ne représente plus que 50 % de la masse corporelle, contre environ 65 % chez l’adulte jeune (INSERM).
  • Transpiration moins efficace : Les glandes sudoripares ralentissent, la régulation thermique est alors moins optimale, rendant la surchauffe plus facile.
  • Médicaments et pathologies chroniques : Certains traitements (diurétiques, antihypertenseurs, psychotropes) peuvent favoriser la déshydratation ou perturber la réponse à la chaleur.

Ces mécanismes expliquent pourquoi un senior risque davantage le coup de chaleur ou la déshydratation, parfois sans s’en apercevoir rapidement.

Savoir reconnaître les signes avant-coureurs : écouter son corps et celui des autres

L’alerte se glisse souvent dans de petits détails. Voici les signaux à surveiller, pour soi ou pour un compagnon de route :

  • Bouche sèche, peau moins souple
  • Fatigue soudaine, crampes, maux de tête
  • Vertiges, désorientation, troubles de l’équilibre
  • Urines foncées ou diminution du besoin d’uriner
  • Comportement inhabituel : agitation ou au contraire somnolence
  • Fièvre, sensation de chaleur inhabituelle, rougeur de la peau

Certains de ces signes se confondent facilement avec la fatigue normale de la marche. Prendre le temps de s’arrêter, d’écouter son souffle, de s’observer sans jugement, c’est là la première des mesures préventives.

Hydratation sur le chemin : combien, quand et comment ?

Les recommandations autour de l’eau, ce n’est pas qu’une affaire de robinets. Voici quelques repères :

  • Quantité recommandée : En période chaude, une personne âgée doit consommer au moins 1,5 à 2 litres d’eau par jour, davantage s’il fait chaud ou en cas d’effort soutenu (Source : ANSES).
  • Fractionner les apports : Boire par petites gorgées, régulièrement, avant même d’avoir soif. Les grandes pauses hydratation ne suffisent pas.
  • Adapter selon les situations : Un trajet de 12-15 km sous 25 °C peu vent nécessiter jusqu’à 2,5 litres sur la journée, à ajuster selon la transpiration.
  • Éviter l’alcool et les boissons sucrées ou caféinées : Privilégier l’eau, les tisanes peu sucrées, les eaux légèrement aromatisées (citron, menthe, etc.).
  • Emporter toujours une quantité excédentaire d’eau : Sur le Camino, certains tronçons, notamment entre Captieux et Montréal-du-Gers, peuvent dépasser 12 km sans point d’eau (Source : Guides Jacob).

Un repère concret : si les urines restent claires au fil de la journée, l’hydratation est satisfaisante.

Lutter contre la chaleur sur le trajet, étape par étape

Organiser sa marche selon les heures fraîches

  • Départ matinal : Profiter de la fraîcheur de l’aube (6-8h) limite la durée d’exposition à la canicule, surtout l’été.
  • Pause méridienne obligatoire : De 12h à 16h, privilégier une sieste à l’ombre, dans une auberge ou dans une zone boisée. Repartir seulement si la température le permet.
  • Ajuster le rythme et les étapes : Mieux vaut marcher 12 km en trois pauses que 16 km sans repos. Sur le chemin autour de Gradignan, privilégier les portions ombragées du Domaine de La Chêneraie ou des bords de l’Eau Bourde.

S’équiper simplement mais sûrement

  • Vêtements amples et clairs : Ils laissent la peau respirer, évitent la surchauffe et réfléchissent mieux la lumière.
  • Casquette ou chapeau à larges bords : Idéalement en tissu naturel, couvrant la nuque et le front.
  • Lunettes de soleil à haute protection (catégorie 3 ou 4)
  • Une gourde isotherme : Elle conserve l’eau fraîche plus longtemps, ce qui favorise la prise régulière.
  • Bâton de marche : Non seulement il soulage les genoux, mais il aide à garder un bon équilibre en cas de vertige ou de malaise bénin.

Utiliser les points d'eau communaux et fontaines locales

De Gradignan à Saint-Sever, de nombreux villages offrent des points d’eau fraîche. Repérer les fontaines publiques avant chaque étape peut s’avérer crucial, surtout quand la canicule s’installe. Les offices de tourisme ou l’accueil pèlerin de Gradignan tiennent à jour une liste actualisée – n’hésitez pas à la demander en début de parcours.

L’alimentation comme alliée contre la déshydratation

On ne le dit pas toujours, mais manger « frais » aide beaucoup :

  • Favoriser les fruits riches en eau (pastèque, melon, orange, pêche) : Un demi-melon, c’est jusqu’à 400 ml d’eau ingérée naturellement.
  • Légumes crus en salade (concombre, tomate, poivron, radis) : Apportent minéraux et hydratation.
  • Fractionner ses repas : Un petit encas toutes les deux heures aide à compléter l’apport hydrique et évite les coups de pompe.
  • Rajouter un peu de sel (dans la limite des recommandations médicales), pour compenser les pertes de sodium par la transpiration.

Pendant trois jours de grande chaleur sur le chemin, il peut être sage de préparer une salade composée facile à transporter, avec un beau morceau de fromage frais, du concombre, une pomme, un trait de citron et quelques noix (source : Conseil Nutrition Santé Séniors, 2022).

Précautions particulières pour les marcheurs sous traitement médical

  • Vérifier avec son médecin avant le départ : Certains traitements doivent être adaptés l’été (notamment diurétiques, médicaments pour l’hypertension, antidiabétiques).
  • En cas de doute : Si des troubles apparaissent (confusion, chute, fièvre inexpliquée), s’arrêter immédiatement, s’hydrater et prévenir l’entourage ou les secours (15 ou 112 sur le portable, même sans réseau apparent, l’appel d’urgence passe).
  • Porter sur soi une fiche médicale indiquant pathologies et traitements : elle peut rendre un grand service, surtout si la parole vient à manquer.

Quand reprendre la marche après un épisode de déshydratation ou de chaleur ?

S’abriter, s’asseoir, humecter la peau avec un linge mouillé, boire une solution légèrement sucrée et salée (une pincée de sel, une cuillère à café de sucre pour 1 litre d’eau) : ces gestes sont à connaitre et à partager. Un arrêt de la marche de plusieurs heures, voire une journée entière, s’impose après malaise. Ne jamais reprendre trop tôt, attendre la disparition complète des symptômes, et discuter si possible avec un professionnel de santé (par exemple, pharmacien de village ou médecin en télémédecine : certains accueils pèlerins disposent du matériel nécessaire).

Ce que la solidarité pèlerine apporte quand la chaleur menace

Il y a une force particulière sur le Chemin de Compostelle : on s’y parle d’un pas tranquille, on y prend soin de son voisin d’étape sans même y penser. S’informer chaque matin sur la météo, proposer un goûter ou une pause partagée sous un arbre, veiller discrètement à ce que chacun remplisse sa gourde : ces gestes font partie de la route.

L’été 2022 a montré que les épisodes de chaleur extrême deviennent plus fréquents en Nouvelle-Aquitaine (jusqu’à 44 °C enregistrés du côté de Saint-Jacques-de-Compostelle en juillet 2022, source : Météo France). Les collectifs d’hospitaliers s’organisent de plus en plus pour sensibiliser à ces dangers, via des affichages ou la distribution de conseils pratiques dans les accueils. Marcher en se sachant attendu et entouré, voilà une belle façon d’apprendre à s’écouter et à ralentir, pour soi et pour les autres.

Cheminer avec confiance malgré la chaleur

Marcher vers Compostelle, c’est traverser la lumière, les ombres, les doutes parfois, les bonheurs souvent. Éviter la déshydratation ou les coups de chaleur n’est pas qu’une affaire de chiffres ou de disciplines : c’est respecter son rythme propre, s’autoriser la lenteur et l’attention, s’alléger de ses inquiétudes en en parlant ouvertement. La chaleur, si elle se prépare, n’effraie plus. On apprend chaque jour à mieux écouter ce que le corps nous raconte — ce compagnon fidèle, même quand il avance plus lentement. Sur le Chemin, comme dans la vie, il n’est rien de plus précieux que la confiance retrouvée dans ses propres pas.

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