Bien choisir ses chaussures pour Compostelle quand on marche après 60 ans

24 juin 2025

compostellegradignan.fr

Écouter ses pieds, c’est partir plus loin : pourquoi le choix des chaussures compte-t-il tant après 60 ans ?

Marcher sur le chemin de Compostelle n'est pas une affaire de prouesse, mais de fidélité à soi-même, étape après étape. Les pieds portent toute notre histoire, et passé 60 ans, ils sont souvent les premiers à tirer la sonnette d’alarme. Douleurs, petites pertes de mobilité, troubles de l’équilibre ou fatigue accrue : tout se ressent presque d’abord là, à la base, là où le contact est le plus humble – et le plus vital.

À partir de 60 ans, selon l’Inserm (1 senior sur 2 souffre d’au moins un trouble de la marche), la prévention passe par l’équipement. Et s'il est un achat qui peut vraiment changer la couleur de sa marche, c'est bien la chaussure. Plus qu’un outil, elle devient souvent un compagnon de route dont la justesse conditionne la réussite, ou le plaisir, du voyage.

Les caractéristiques prioritaires pour les marcheurs de plus de 60 ans

Avec l’âge, certains critères prennent le dessus, car il ne s’agit plus seulement de performance mais d’adaptabilité et de sécurité. Voici, synthétisés, les éléments à considérer en priorité lorsque vous choisissez vos chaussures pour Compostelle à partir de 60 ans :

  • Poids de la chaussure : une chaussure trop lourde augmente la fatigue et le risque de faux mouvement.
  • Amorti et absorption des chocs : l’usure des cartilages, la fragilisation de l’ossature (ostéoporose chez 39% des femmes après 65 ans, source : Société Française de Rhumatologie) imposent une semelle efficace.
  • Stabilité : assurance en terrain accidenté grâce à un bon maintien du talon et une largeur adaptée.
  • Facilité d’enfilage : lacets traditionnels, ou systèmes rapides (Boa, velcro) recommandés si un début d’arthrose limite la dextérité.
  • Imperméabilité et respirabilité : une chaussure qui garde les pieds au sec sans créer de surchauffe.
  • Semelle antidérapante : les chutes de la personne âgée représentent 80% des accidents de marche sur chemin (source : Fondation MAIF).
  • Adaptabilité aux orthèses plantaires : 25% des plus de 60 ans portent des semelles spéciales (source : Assurance maladie), il faut anticiper l’espace intérieur de la chaussure.

Le choix n’est donc pas simplement affaire de goût ou de couleur, mais un appui sur le confort et la prévention.

Chaussure basse ou montante ? Le point sur le maintien et la liberté

C'est souvent la première question. Faut-il choisir une chaussure de randonnée montante pour le maintien, ou une chaussure basse pour la légèreté ? La réponse n’est pas tranchée, tout dépend de votre histoire articulaire et de votre façon de marcher.

  • Chaussures montantes : préconisées si vous avez déjà souffert d’entorses, de faiblesse ligamentaire ou d’instabilité de la cheville. Leur tige protège et rassure sur terrains accidentés ou très pierreux (forêts, Pyrénées, etc).
  • Chaussures basses (de randonnée ou trail) : elles offrent une marche plus naturelle, sont bien plus légères et laissent la cheville travailler. Les podologues les recommandent pour les personnes ayant une bonne stabilité, surtout sur étapes “classiques” du Camino Francés ou la voie de Tours qui traversent des pistes larges ou des routes agricoles.

D’après une enquête de l’association Compostelle 2000, 73% des pèlerins interrogés, tous âges confondus, préfèrent les chaussures basses (compostelle2000.org). Parmi les plus de 60 ans, la tendance s’équilibre : 52% favorisent la tige basse lorsque la voûte plantaire n’est pas trop affaissée, et qu’il n’y a pas de terrain particulièrement technique au programme.

Déclinez donc ce choix en fonction de vous, de vos antécédents orthopédiques et, bien sûr, du tronçon de chemin que vous visez.

Les matériaux et la coupe : attention à la saison et à l'intensité

Beaucoup partent sur Compostelle entre avril et octobre. À cette période, privilégier des chaussures en tissus respirants (mesh technique, Gore-Tex léger) permet de limiter les échauffements et les odeurs. Évitez le cuir pour les longues étapes sous la chaleur : il retient davantage d’humidité et sèche mal.

Sur la coupe, ayez cette règle : “Le matin, le pied a toute sa retenue, le soir il prend de la place.” Optez pour une taille supérieure à la vôtre (entre 0,5 à 1 cm de marge devant les orteils), le gonflement est la norme après plusieurs heures de marche. Un laçage ajustable, jamais trop serré, aide à s’adapter à la morphologie du pied tout au long de la journée.

  • Membranes imperméables “respirantes” : utiles sur les chemins humides de printemps ou d’automne, mais à éviter l’été sur des étapes très sèches pour ne pas “cuire” vos pieds.
  • Renfort en bout de pied : protège contre les chocs (cailloux, racines) surtout si la perception des sensations s’émousse avec l’âge.

Rayons senior en boutique ou modèles “grand public” ?

Les marques proposent rarement des “spécial seniors”, mais certains modèles sont clairement pensés pour le confort et la stabilité.

Voici quatre modèles ayant reçu des avis positifs chez les marcheurs de Compostelle de 60 ans et plus (sources : forums Amis de Saint-Jacques, retours d’hébergeurs) :

  • Salomon X Ultra : connue pour ses semelles adhérentes et son laçage facile, la version basse est très utilisée sur le Camino.
  • Meindl Philadelphia : réputée pour son amorti maximal et une grande souplesse à l’avant du pied.
  • Merrell Moab : largeur généreuse, bon compromis entre légèreté et robustesse, souvent citée pour ceux qui “gonflent” facilement des pieds.
  • Lowa Renegade : dans sa version mid (mi-montante), elle offre maintien mais reste légère pour le segment.

Évitez les chaussures minimalistes (type “barefoot” ou semelles très fines) qui, à partir d’un certain âge, accentuent le travail articulaire et ne sécurisent pas contre la fatigue ou les chocs invisibles.

Essayer, marcher, ajuster : les étapes incontournables avant le départ

Achetées trop vite, les chaussures trahissent à la première étape. Voici quelques conseils issus de la kinésithérapie et des accompagnateurs en marche sur Compostelle :

  1. Essayez toujours avec les chaussettes que vous porterez lors de la marche (épaisses, respirantes, sans couture interne).
  2. Testez l’enfilage et le laçage en position assise, puis debout. L’accès doit être simple sans forcer, le laçage intuitif.
  3. Marchez au moins 20 minutes en boutique si possible, ou chez vous en intérieur pendant plusieurs soirs.
  4. Sensations après une heure : aucune douleur, pas de points de pression, aucun frottement au niveau du talon ni sur le dessus du pied.
  5. Contrôlez l’espace devant les orteils, surtout sur les descentes (un ongle “bleu” ou cassé est parfois synonyme de chaussure trop courte).

Si la chaussure semble légèrement rigide au début, une phase de rodage est nécessaire : 30 à 40 km de petites marches avant le départ pour détendre la matière et familiariser le pied.

Petits problèmes courants et astuces pour seniors sur le Chemin

La marche longue met à l’épreuve la peau et la mécanique. Voici quelques exemples réels de difficultés survenues, avec leur solution :

Problème Astuces/Solutions
Échauffements ou ampoules au talon Changer de chaussettes aux pauses. Utiliser des pansements hydrocolloïdes (Compeed). Le soir, laisser les pieds nus le plus possible.
Douleurs sous la voûte plantaire Préférer une chaussure avec semelle épaisse type EVA, ajouter une semelle orthopédique si prescrite.
Perte de sensation / engourdissement Vérifier l’ajustement du laçage (pas trop serré sur le dessus), masser les pieds tous les soirs.
Début d’ongle bleu Revoir l’espace à l’avant. Couper toujours les ongles très courts avant de partir.

N’hésitez jamais à demander conseil dans les hébergements ou auprès de vos pairs sur le chemin. Beaucoup de problèmes se règlent par l’entraide ou un conseil expérimenté glané au petit déjeuner.

Une affaire de compagnon, de temps et d’écoute

Le choix de la chaussure après 60 ans n’est pas celui d’un équipement quelconque. C’est l’engagement dans la durée, la promesse silencieuse que l’on se fait : “Je partirai, le plus loin possible, sans me faire de mal.” Une bonne chaussure, adaptée à votre âge, à vos pieds, à votre étape, c’est la possibilité de vivre chaque journée de marche comme une découverte – sans craindre l’arrêt prématuré ou la douleur qui assombrit le chemin.

Avant de partir, prenez le temps de ce choix comme d’un autre voyage intérieur. Le chemin n’attend pas, il accueille tous les pas, mais il aime particulièrement ceux qui ont été préparés avec douceur. Vos pieds vous diront “merci” à chaque lever de soleil : il suffit qu’ils se sentent écoutés.

Pour aller plus loin, plusieurs associations locales organisent des ateliers d'essais ; demandez-en les dates auprès de la mairie, des clubs de randonnée seniors ou de l'accompagnement à Gradignan.

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