Marcher à tout âge : les bâtons de marche nordique sont-ils un allié après 65 ans ?

5 juillet 2025

compostellegradignan.fr

Pourquoi les bâtons de marche intriguent et rassurent après 65 ans

Ceux qui arpentent le chemin de Compostelle ou les sentiers proches de Gradignan l’ont sûrement remarqué : les bâtons de marche, longtemps réservés aux plus sportifs ou à la montagne, se démocratisent. Mais quel sens leur donner après 65 ans ? Sont-ils une simple "canne améliorée", ou bien un compagnon précieux pour préserver les articulations et la confiance ?

Le plaisir de la marche, à tout âge, c'est d'abord cette sensation de liberté : chaque pas rythme le souffle, le regard s’offre au paysage. Pourtant viennent parfois des interrogations bien concrètes : comment protéger ses genoux ? Mieux répartir la fatigue ? Éviter une chute sur un sentier humide ou sur les trottoirs de nos communes ?

À Gradignan, avant le départ sur les chemins de Compostelle, de nombreux marcheurs – dont une belle proportion de retraités – posent ces questions, souvent teintées d’hésitation. Leur inquiétude n’est pas vaine : avec l’âge, 30 % des personnes de plus de 65 ans chutent au moins une fois par an, selon l’Inserm (source : Inserm, dossier “Chutes chez les personnes âgées”). Les bâtons peuvent-ils y remédier ? Voyons cela de plus près.

Le principe des bâtons de marche nordique

À ne pas confondre avec des cannes de randonnée traditionnelles, les bâtons de marche nordique sont pensés pour propulser le corps en avant. Leur usage se distingue par un mouvement actif des bras. On les voit souvent sur les chemins plats ou légèrement vallonnés, en ville comme en forêt.

  • Ils sont plus légers que les bâtons de trek classique et leur poignée épouse la main, avec un gantelet parfois ergonomique.
  • Ils favorisent une marche dynamique : chaque bâton vient prendre appui, repoussant légèrement le sol.
  • Certains modèles sont télescopiques, d’autres à taille fixe.
  • On peut ajouter des embouts en caoutchouc (“pads”) pour limiter le bruit ou l’usure, par exemple sur le goudron autour du parc de Mandavit à Gradignan.

Qu’apportent ces bâtons aux marcheurs après 65 ans ?

Protection des articulations et du dos : démonstration par les chiffres

Les études cliniques, même si elles restent plus rares chez les seniors que chez les sportifs, donnent des chiffres nets. Ainsi, l’Université de Salzburg a montré une réduction de 20 à 25 % des contraintes sur les articulations du genou et de la hanche lors de l’utilisation de bâtons de marche nordique (source : Strutzenberger et al., 2011, PMID:21264746). Cela intéresse évidemment tous ceux qui souffrent de douleurs articulaires ou d’arthrose.

Certains médecins du sport rappellent aussi qu’au fil de la marche, le gain d’équilibre est déterminant. Avec deux points d’appui supplémentaires – les bâtons – chaque mouvement devient plus assuré. On gagne donc en stabilité, un point capital quand les muscles proprioceptifs (qui nous informent sur la position du corps dans l’espace) peuvent parfois nous jouer des tours en vieillissant.

Soulager la fatigue, marcher plus longtemps

Les bâtons permettent de diminuer la charge sur les jambes : la propulsion des bras aide à répartir l’effort. C’est utile, notamment chez les marcheurs qui abordent le chemin après 65 ans, là où l’endurance globale peut être moins "entraînée" qu’à 40 ans. D'après une étude publiée dans Gait & Posture (2007), les bâtons de marche nordique réduisent de 7 à 15 % le ressenti de fatigue sur des parcours de plus de 10 kilomètres chez des personnes âgées de plus de 60 ans (source : Gait & Posture, 2007, Boisvert et al.).

Marcher ainsi soutenu, c’est parfois passer quelques kilomètres de plus que prévu, ou tout simplement ne pas souffrir du lendemain.

Renforcer le haut du corps, garder la forme

Les bâtons sollicitent bras, épaules, tronc. Cet exercice réparti muscle en douceur, avec notamment à la clé une meilleure posture (moins voûtée) et une respiration facilitée. C’est déjà beaucoup pour ceux qui, à la retraite, cherchent à entretenir tonus et souffle.

Le saviez-vous ? Une marche nordique pratiquée une heure, au rythme d’un senior, permettrait de solliciter jusqu’à 80 % des muscles du corps, contre 40 % à la marche "classique" selon la Fédération Française d’Athlétisme.

Quand les bâtons sont-ils réellement utiles après 65 ans ?

Leur utilité n’est pas automatique. Il arrive que, sur de courts trajets plats ou en ville, certains les trouvent encombrants. C’est surtout en cas de :

  • Survenue d’un déséquilibre (suite à une chute, une opération, une perte de confiance)
  • Terrain glissant ou accidenté (racines, chemins creux, pavés humides à Hostens, etc.)
  • Douleurs articulaires chroniques (genoux, hanches, dos, épaules)
  • Envie de reprendre une activité physique progressive, sans "forcer" les jambes

Dans ces situations, les bâtons offrent réellement un filet de sécurité, et permettent parfois de franchir des étapes qui auraient pu être décourageantes.

Quelques limites et précautions à connaître

Ne pas tout attendre des bâtons : la technique compte

Les bâtons ne remplacent pas un bon équilibre, ni une préparation physique adaptée. Ils servent d’aide, pas de solution miracle. Mal utilisés, ils peuvent même provoquer des tensions sur les poignets ou les épaules. Aux abords de Gradignan, un conseiller sportif préconise souvent d’apprendre le bon geste (il existe régulièrement des séances d’initiation à la marche nordique, organisées par les clubs locaux ou l’UFOLEP).

L’attention à la longueur du bâton

Un bâton trop court ou trop long gêne la marche et peut accentuer une mauvaise posture. La mesure idéale repose sur la règle du coude fléchi à 90° bâton en main, pointe au sol. Certains magasins locaux (comme ceux place Roumégous) permettent de tester différents modèles et tailles : un vrai plus.

Côté cœur et respiration : consulter en cas de doute

Pour tous ceux qui souffrent de pathologies du cœur, de tension ou problèmes pulmonaires, il vaut mieux demander un avis à un médecin avant de commencer une activité soutenue, même avec des bâtons. La marche nordique est douce, mais elle augmente un peu la dépense cardio-respiratoire.

Conseils pratiques : bien démarrer avec des bâtons de marche nordique

  1. Essayer avant d’acheter : Plusieurs clubs de la région prêtent des bâtons pour une séance découverte. Cela permet de sentir la différence, en sécurité et sans frais.
  2. Choisir un modèle à gantelet confortable : Les bâtons de marche nordique sont parfois vendus sans dragonne, mais les seniors trouvent souvent utile ce maintien additionnel, notamment si la force de préhension diminue.
  3. Tester sur différents terrains : Autant s’exercer sur goudron (avec embouts “pads”), terre battue (parc du Prieuré), forêts… C’est ainsi qu’on ajuste bien sa technique.
  4. Garder une posture droite : Ne pas “tirer” sur les bras, mais les balancer souplement, le bâton venant prolonger le geste naturel.
  5. Alléger le sac à dos : Quand on commence, alléger le reste du matériel permet de ne pas compenser avec les bâtons ce qui pourrait venir d’un excès de poids inutile sur le dos.

Bâtons de marche nordique et Compostelle : avis et témoignages

Sur le chemin de Saint-Jacques, la majorité des pèlerins seniors croisent d’autres marcheurs équipés. Certains hésitent, évoquant le bruit des pointes sur la route, le regard d’autrui, ou la gêne en cas de passage dans les bourgs animés.

Plusieurs témoignages recueillis à l’étape de Gradignan apportent des nuances utiles :

  • Marie, 70 ans : "J’essaie parfois sans les bâtons, et sur sentier caillouteux, je fatigue vite. Avec, je tiens la distance et mon mal de hanche s’oublie souvent."
  • Jean-Luc, 74 ans : "J’avais du mal avec l’équilibre dans les descentes. Depuis que j’utilise des bâtons, plus de chute, et j’ai même repris confiance pour marcher seul."
  • Anne, 68 ans : "Trouver le bon modèle prend du temps, mais je n’aurais jamais pensé finir 150 km. Les bâtons m’ont donné un sentiment de sécurité très précieux."

L’essentiel à retenir pour choisir ou non les bâtons après 65 ans

  • Les bâtons sont particulièrement adaptés pour ceux qui cherchent à soulager les articulations, réduire le risque de chute ou soutenir leur endurance en douceur.
  • Ils nécessitent toutefois un apprentissage du geste, un modèle adapté à sa taille, et un brin de patience au début.
  • Chacun est libre de marcher à son rythme et à sa manière : certains trouvent dans les bâtons un renfort bienvenu, d’autres préfèrent la marche sans rien aux mains et corrigent plutôt leur posture générale.

Que l’on parte pour Compostelle ou pour quelques kilomètres autour du parc de Mandavit, la marche reste une invitation à écouter ses besoins, expérimenter, et pourquoi pas, réinventer sa façon d’avancer, pas après pas.

Sources : Inserm, Fédération Française d’Athlétisme, Strutzenberger et al. 2011, Gait & Posture 2007, entretiens recueillis auprès de marcheurs à Gradignan.

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